Le mystère végétal de Santa Clara, Cal. II
2ème épisode
La moitié de l’énigme résolue…
ou la théorie de l’Arbuste et le retour de la Courbe
Eh bien, chers amis et néanmoins curieux, il faut se dire que les grandes vérités sont d’une simplicité déroutante, autrement dit – assez difficiles à intégrer, avaler, assimiler, faire siennes. De telle façon que les âmes bien nées doivent comprendre mon appréhension, quasi-viscérale, de prêter une attention soutenue aux borborygmes, à mon premier avis et correspondant à ma nature suspicieuse, de mon cher et vieux, sidekick (pote) M.I. qui affubla le majestueux et triomphant végétal, illustré par mes soins, du qualificatif ARBUSTE. J’ai reçu cet effort de rudimentaire taxonomie, comme une crasse injustice, criante au ciel, à mon adresse et surtout à l’adresse d’un ARBRE phénoménal qui n’était pas loin de soutenir, soyons honnêtes, une bonne partie de la voûte céleste. Sacré pilier ligneux qui dans toute autre période que ce misérable âge d’angoisse et décès intempestifs aurait pu générer un culte bucolique avec des bacchanales à l’appui. Certainement, je me suis abstenu de faire des remarques désobligeantes, d’abord parce qu’à mon âge, chaque ami vaut son poids en or ou plus et ensuite parce que des outrances verbales dans notre temps d’inspiration pure, puritaine et privée, peuvent avoir de rapides et néfastes conséquences.*Se fut d’ailleurs ce même cher M.I. qui m’interdit sévèrement l’usage du mot morue! Enfin tout ceci reste entre nous. Le Shakespeare expurgé n’est pas loin. Ha!ha! Il va être très drôle surtout dans les tragédies. Enfin, allez-vous y imaginer ma surprise mélangée de consternation quand j’ai découvert aujourd’hui, que quoiqu’égaré à la mode spécifique mon vétéran et précieux ami avait raison d’une façon générale ?
Arbuste donc ?! On ne peut plus avoir confiance en rien, pas même dans la taille et l’élan ! Arbuste OUI ! Ce fut la contribution de ma distinguée amie C.C. aussi connue comme Miss Cat ou La Clem et qui a beaucoup de chances de s’emparer sous peu du sobriquet-titre de Notre Dame du Port en Bessin. Sans trop de façons elle jeta un pavé dans le plateau (dans la mare ou on se marre) accompagné du rire tonitruant qui est son image de marque. Me voilà donc forcé d’annoncer à tout le monde, à la ronde, surtout aux survivants, que ce glorieux parangon d’exubérance sylvestre est un arbuste ornemental originaire d’Afrique de l’Est en répondant à l’appellation cocasse d’Afrocarpus Gracilior. L’appellation locale, African Fern Pine, de beaucoup moins exotique, est acceptable aussi quoique j’ai bien peur qu’un précieux pédant va choisir la plus sexy – Afrocarpus falcatus.
Le dense feuillage qui couronne cet acte de promotion naturelle, masse et volume, n’est pas moins impressionnant que l’aspect martial (forteresse) du tronc et des branches.Que cette usine chlorophyllienne de haute volée, impériale frondaison, gracile et élégante croissance, frémissant bijou vert et sensuel avec des feuilles en langue de serpent m’émeut et me rassure à la fois. La vie continuera d’une certaine manière tant qu’il aura du compost. Fierté des cimetières, des enceintes académiques et de jardins de potentats écologistes la couronne reflète aussi, et ô combien, la transformation d’un arbuste subtil dans un arbre magnifique à cent pourcent!
D’où est-elle arrivée cette pléthorique composition, impérieuse et démesurée dans l’enclos paisible d’un banal docteur cybernéticien au centre d’une petite ville où les gens dorment à l’abri? Et au computer-boy de déclarer avoir acheté la maison à cause de l’appel de l’arbre ! Chassez le romantisme, il revient au trot même dans ce temps où l’amour est régi par algorithmes, la statistique et surtout la blind date.
Il n’y a plus aucun effort à faire dans les choses d’amour. Il suffit de se mettre sur le web ou de faire appel à une maquerelle amie, pourvu qu’elle soit médiatique. Le plus drôle est qu’on ne risque pas d’être trop mal loti, tout au contraire, comme le succès de la Beghan et du Barris le prouve si bien. Il faut accepter que la destinée d’un couple soit une affaire d’atomes crochus et pas de la manière d’approche. C’est possible qu’un événement semblable, une rencontre fertile semence-sol, a dû permettre au végétal décoratif Afrocarpus gracilior de se convertir sur la glèbe opulente et bien protégée de Santa Clara dans un arbre géant, dominant, massif et héroïque. Ses racines volumineuses et tortueuses, pour le moment invisibles, vont menacer de démolir à la longue la fragile maisonnette en bois couvert d’une mince couche de plâtre ? Ce n’est pas sûr !
Mais retournons à nos moutons ! Je me risque à avancer une autre petite lumière, faute de mieux ! L’hypothèse d’une rencontre heureuse, sol-semence, à Santa Clara est un peu naïve. Il doit y avoir de la manipulation et du complot comme dans la pandémie à la française. C’est évident. Il me semble, je suis presque sûr, qu’il s’agit ici d’un cas d’utilisation à outrance d’hormones de croissance dans le but de créer le COLOSSAL. C’est la tendance de la culture (euh) américaine capitaliste et capitalisante de pousser grand-mère dans les orties, d’imposer tennis et jeans au sein d’un continent continent (il n’y a plus de chaussures qui marchent?), de s’enfoncer dans l’adulation extravagante du veau (tout veau qu’il est) d’or et surtout de se livrer à la mégalomanie de l’acromégalie – regardez les tailles de leur gratte-ciels et leurs quotas de Covid macchabées. Sauve qui peut ! Je vais avoir un vaccin après demain !
J’ai pensé d’avoir finalement bâclé cet argument qui menaçait de se transformer de petit ruisseau faiblard en torrent orageux et sortir franchement du lit quand mon attention fut attirée par la dénomination alternative d’Afrocarpus falcatus. Le falcatus. qui en latin désigne la courbe, courbé? Tout à fait ! D’ici il fut vite fait de me rappeler l’engouement que les hommes eurent pour les femmes arborant ce genre des lignes dans le passé (Le Titien par exemple) et le dénigrement de la valeur esthétique (et sensuelle) que cet impressionnant attribut de la féminité subit après la deuxième guerre mondiale,. Grace à Dieu les femmes, a formes riches, luxuriantes mêmes, restèrent fortement désirées dans de nombreux pays du monde. Et puis, il s’avère qu’ une formidable remontée des courbes magiques en tant que rondeurs opulentes, mettant à rude épreuve l’intégrité des vêtements, ouverts à tous azimuts, beaucoup plus révélateurs que la nudité elle-même, a lieu maintenant sur les média avec l’occasion de la hitparade connue sous le sobriquet alléchant de NOVA CURVE. Des nouveaux mannequins avec des seins en bombes de bombarde et fessiers resplendissants, se réclamant d’une stéatopygie affirmative et joyeuse, qui a des racines profondes dans la préhistoire, comme la fameuse Vénus de Willendorf le prouve, ont envahi les écrans. Leur débordante
sensualité, sex-appeal manifeste et dégaine langoureuse ont battu en brèche la présentation stéréotypée des modèles du genre perche anorexique, au regard dur et fermé et à la démarche ridicule de canasson entravé. Le triomphe de l’embonpoint n’est pas seulement la démonstration d’une nouvelle esthétique, plus démocrate, plus sociale, plus naturiste, mais aussi et peut-être avant tout, l’affirmation irréfutable de notre lien indélébile avec nos ancêtres aussi loin qu’ils puissent se situer, car nous avons tous une seule et même origine. Man came out of Africa! Le plus ancien hominidé que j’ai rencontré, la grande mère Lucy à Addis Abeba, sous la forme d’ une reconstruction à base de tissu et de couleur (ou ce fut peut-être une photo ?), fut une petite femme noire, trapue avec une assise et une charpente favorable aux futurs et bénis rembourrages.
Pour une raison qui m’échappe cette reconstruction fut taxée de « raciste et misogyne » par de nouveaux paléontologues dans le vent. Il doit y avoir quelque chose, mais je n’ai pas envie de m’engager dans ce genre de discussions bâties sur un terrain d’incertitudes névrotiques, suffisantes, revanchardes, et même justifiables. Je préfère me muer en ACTIVISTE comme beaucoup de gens de bien, de qualité, des artistes et des millionnaires de tout poil qui y sont déjà et depuis longtemps pour leur meilleur bien et la satisfaction générale. Il faut suivre le bœuf. Il faut que je dise quelque chose de positif et d’encourageant, au niveau humain et social, qui permettra aussi de mieux saisir comment un arbuste servile a pu se transformer dans un arbre magnifique et apotropaïque. Je sens qu’il est sous peu enclin de devenir un autel panthéiste (Dieu c’est une nature.) sous l’ombre duquel la communauté prendra des décisions justes, nuancées et à exécution immédiate. Jusque-là et d’une façon plus pertinente, nous assistons à un développement en trombe d’une nouvelle mode féminine présentée par une cohorte de jeunes femmes bien en chair et en courbes, souvent provenant des minorités défavorisées ou du milieu émigrant, qui depuis leur modeste location (chambre à coucher, salle de bain) ou proximité (on prend des photos faites dans la ruelle voisine du gîte) se lancent avec un courage débordant dans l’exhibition des tissus et des belles formes. Bien sûr que l’avènement d’une telle métamorphose, qui permit à beaucoup de femmes pauvres et entreprenantes, d’éviter la ruineuse école de mannequins réservée tacitement aux caucasiennes, a des effets favorables sur l’économie en général en draguant un nombre incalculable des nouveaux clients, clientes si vous voulez, au marché. En tant que nouveau activiste, je ne veux pas paraître faisant de l’enchère, mais je pense que le moment est propice pour qu’un autre groupe d’âge féminin, celui de mes TANTES, de mes grands-mères, et éventuellement de mes arrière-grands-mères, ayant échappé à la pandémie, se recycle dans une nouvelle présentation de mode ajustée a un espoir de vie de quelques 105 bornes. Il se peut, que l’appellation d’une femme, UNE BELLE PLANTE, revalorise mon analyse comparative des correspondances indélébiles entre le règne animal et le règne végétal. Tout est possible !
Ainsi soit-il !
The Wanderer
*Vous allez voir quels problèmes va avoir ce pauvre M. Joe, d’avoir traité le malfrat muscovite de criminel. Comme s’il n’était pas un! On va lui demander des preuves concrètes. Il n’y a pas eu des preuves concrètes fausses dans le procès d’O.K. Pimpson? Grâce à Dieu qu’un jury éclairé l’est sorti blanc comme la neige.